Je lisais dernièrement un texte de Marie Christine Doran (2018) dans la revue relation ( num 799 ; les rites au cœur du lien social ) qui m’a profondément interpellée. Elle témoignait d’un événement vécu par son fils adolescent. Celui-ci, était en conversation avec ses copains dans un autobus alors qu’ils revenaient de l’hôpital ou ils étaient allés visiter une amie ayant frôlé la mort dans un grave accident de vélo. Durant cette conversation, un des jeunes confia aux autres qu’il avait été tellement ébranlé par ce qui est arrivé à leur amie et qu’il a eu besoin de faire une prière pour elle, même s’il ne savait pas comment prier, venant d’un milieu non croyant. C’est alors qu’un passager adulte, en entendant cela, traversa l’autobus pour venir dire au petit groupe d’amis, sur un ton menaçant, qu’il était déplorable de vouloir prier et de conforter ainsi une institution religieuse qui a fait tant de tort au Québec.
Cet exemple révèle toutes les difficultés que nous avons à aborder l’axe spirituel dans nos sociétés occidentales. Suite à cet incident, cette mère interroge : Dans ce cas-ci, il n’est même pas question de s’opposer à une manifestation religieuse sur la place publique, c’est le fait même d’adresse une prière spontanée, de se référer à la dimension sinon religieuse, au moins spirituelle de l’existence qui a suscité la colère de cet homme contre un jeune de 15 ans. La question qui se pose ici est de savoir si la soif de spiritualité d’une personne peut être évaluée, jugée ou condamnés au motif que des religions ont causé des méfaits. (Doran, 2018). Cette lecture est venue appuyer pour moi la nécessité de trouver dans nos sociétés occidentales, des manières de sortir du déni en ce qui concerne cette faim spirituelle. Aujourd’hui il n’y a pas un entretien ou l’on ne cite la célèbre phrase de Malraux (1969) : « le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas ». Et vous, qu’en pensez-vous ?