Bien faire et se tenir en joie / à plus on est de fous à SRC ( Stéphane Crête)
Dans cet hiver qui m’accable, je sens l’urgent besoin de prendre soin de mon hygiène mentale, et j’aimerais m’inspirer, pour ce faire, de cette maxime de Spinoza qui me suggère de «Bien faire et se tenir en joie». La joie, donc, pour sortir de ce qui m’assombrit et m’éteint, tout ce qui m’éloigne d’elle, comme carburer à l’indignation jusqu’à la nausée, m’intoxiquer maladivement à l’actualité, ou construire des scénario catastrophes infinis.
La joie, donc, posture subversive, acte de résistance. Let’s go, la joie. Pas sur que je vais y arriver, conscient que ce n’est pas la solution à toute chose, mais bon.
Comment faire pour toucher la joie? Tout d’abord, prendre conscience de ce qui m’éloigne d’elle. Pour ce faire, prendre de la distance. Si je recule suffisamment, il y a quelque chance que j’arrive même à me retrouver en nature, parmi les arbres. Les arbres ne sont pas bêtes, eux. L’érable ne méprise pas le bouleau, le chêne ne crois pas qu’il faille éliminer tout les sapins. Les arbres me font du bien. Avec les arbres vient le silence.
Du silence nait la contemplation, puis la beauté. Alors, cultiver la beauté. Oser créer, pour soi, pour rien. De la création vient une forme de don, dans le sens de donner. Donner des cadeaux. Du temps. Des compliments. J’ai toujours aimé votre chevelure Marie-Louise. Le don désintéressé réchauffe le coeur.
Donner implique un tiers, un autre. Alors se rassembler, avec l’Autre, se soutenir, s’unir. S’unir aussi en intimité: jouer à l’amour, faire l’amour. De l’union nait la danse. Danser à deux, danser en groupe, danser sa peine, danser la misère. Et de la danse, enfin, vient la célébration. Célébrer ce qui est là. Célébrer l’improbable, célébrer les ombres qui dansent sur les murs, célébrer ce qui passe et qui passera.
Enfin, dans la célébration se trouve la joie… mais aussi la gratitude et il n’est jamais impossible de dire merci, je dirais même qu’il n’est jamais impensable de dire merci aussi à nos ennemis, parfois porteurs de cadeaux, enseignants provocants, certes, mais enseignants tout de même. Merci donc à toi, l’ennemi. Et merci aussi à toi, la joie, qui m’aide, tant bien que mal, à passer à travers l’hiver et me rappeler que le printemps, oui que le printemps finira bien par arriver.